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Page:Sand - Laura - Voyages et impressions.djvu/328

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Virtuellement nous sommes tous Homère ou Mozart, ou Rubens. Tous les glands de la forêt ne donnent pas de beaux arbres ; mais dans tous les glands il y a le germe d’une forêt de chênes. Donc, tout homme en qui la sève divine n’a pas été étouffée ou détournée de sa fonction est un homme complet. Les grands poëtes sont des hommes réussis, mais ils ne sont rien de plus que des hommes, et c’est pour cela que nous les aimons. S’ils étaient d’une autre nature, ils ne pourraient nous faire aucun bien, pas plus Jésus que les autres. Les chrétiens l’ont bien compris, car ils ont voulu qu’en lui la nature humaine fût complète et servît d’intermédiaire entre l’esprit et nous. Il n’y a pas tant à discuter là-dessus que l’on croit, car l’esprit est homme aussi, et un Dieu qui ne comprendrait pas en lui la nature humaine avec toutes les autres ne serait qu’une entité chimérique. Il n’y a donc pas d’autre nature que la nature, et ceci n’est pas du panthéisme comme on veut l’entendre quand on crie au panthéisme sans savoir ce que c’est.