Page:Sand - Laura - Voyages et impressions.djvu/342

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mais que le prétendu langage de ton ruisseau, n’étant produit que par la rencontre et la combinaison fortuite de quelques cailloux et par la sonorité d’une roche creuse, n’est ni de la musique ni de la parole, et doit être assimilé à un simple bruit.

— Je te déclare, Lothario, que je ne suis nullement satisfait de ta comparaison. Je t’accorde que la roche creuse et les cailloux fortuitement disposés en instrument n’établissent ici qu’une cause muette par elle-même ; mais le ruisseau arrive et traverse les organes de cet instrument. C’est donc lui, la main de l’artiste qui confie à l’air l’émission de ce qu’on appelle les ondes sonores. C’est donc lui, la cause qui le fait parler.

— Soit, s’écria en riant Lothario : c’est le ruisseau qui fait vibrer l’instrument absolument comme le vent fait vibrer la harpe éolienne ; mais depuis quand une vibration est-elle un langage ?

— Malheureux ! tu ne l’as donc jamais écouté, le chant de la harpe éolienne, ou seulement celui de la girouette ?