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Page:Sand - Laura - Voyages et impressions.djvu/54

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venaient d’un gigantesque amas de la dépouille des animaux antédiluviens ; mais tu ferais mieux d’oublier ces exagérations de ta fantaisie et d’étudier, sinon avec plus d’exactitude, du moins avec plus de raisonnement, l’histoire de la vie dès son origine et durant tout le cours de ses transformations sur notre globe. Ta vision ne t’a présenté qu’un monde mort ou encore à naître. Tu avais peut-être trop pensé à la lune, où rien encore ne nous signale la présence de la vie organique. Il vaudrait mieux penser à cette succession de magnifiques enfantements qu’on appelle à tort les races perdues, comme si quelque chose pouvait se perdre dans l’univers, et comme si toute vie nouvelle n’était pas le remaniement des éléments de la vie antérieure.

J’écoutais plus volontiers mon oncle que mon ami Walter, parce que, malgré son bégaiement, il disait d’assez bonnes choses et ne méprisait pas autant que lui les combinaisons de la forme et de la couleur. Seulement, le sens du beau, qui m’avait été révélé par Laura dans notre excursion à travers