Page:Sand - Le Beau Laurence.djvu/109

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de servir de truchement entre la troupe et les ouvriers qu’elle aurait à employer. De ce moment, Meta, qui nous aimait avec passion, ne nous quitta plus que pour habiller et raser le prince. C’était un garçon intelligent, audacieux et corrompu, un vrai gamin de Paris, qui se vantait d’avoir joué son rôle sur mainte barricade. Il avait vu Rachel aux spectacles gratis, et, bien certain qu’elle n’était point parmi nous, il avait abondé malicieusement dans la fantaisie de son maître, sur lequel il avait l’ascendant qu’on laisse prendre aux enfants gâtés. Il était donc le principal auteur du roman dont nous allions aborder les aventures.

Léon blâma beaucoup le mezzo termine de Bellamare, et prétendit que nous faisions du nom de Rachel une exploitation jésuitique. Impéria se sentit beaucoup de répugnance à être l’objet de cette supercherie du prince vis-à-vis de ses invités ; mais le prince y mettait une bonne foi si obstinée ou si bien imitée, tous nos efforts pour le détromper furent tellement vains, que les scrupules s’envolèrent et qu’on se prépara gaiement h jouer du Corneille et du Racine au couvent-évêché-palais-forteresse de Saint-Clément.