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Page:Sand - Le Beau Laurence.djvu/129

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est la manière d’aimer ou le point d’honneur des hommes.

— C’est possible, reprit Lambesq ; mais savez-vous dans quel coin de ce mystérieux manoir elles sont murées ?

— Murées ? dit Bellamare.

— Oui, murées, bien murées. On a supprimé toutes les portes qui communiquaient avec la partie du couvent qu’elles habitent ; c’est l’ancienne buanderie, où il y a une belle citerne. On a fait de cette buanderie une salle de bains très-luxueuse, on aplanie un petit jardin dans le préau, on a bâti un très-joli kiosque, et ces trois dames vivent là sans jamais sortir. Il y a une négresse pour les servir et deux gardiens pour surveiller l’unique porte de leur prison, où le prince se rend la nuit par un couloir pratiqué dans l’épaisseur des murs. Ce cher prince a la lasciveté pudique des Orientaux.

— Comment savez-vous ces détails ? lui dit Bellamare avec surprise. Est-ce que vous auriez eu l’imprudence de rôder par là ?

— Non ; ce serait de mauvais goût, répondit Lambesq, et Dieu sait si ces dames sont des houris ou des guenons ! Enfin je n’ai pas été tenté ; mais le