Page:Sand - Le Beau Laurence.djvu/14

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— Veux-tu rester ? me dit Bellamare.

J’avais déjà, comme on dit, le pied à l’étrier, et, bien que je me sentisse très-ému, je ne voulus pas tenter l’aventure.

— Vous voyez bien, répondis-je, qu’elle est toujours persuadée que j’ai voulu la tromper ; je ne peux pas accepter cette situation ; je ne l’accepterai pas.

Et je passai outre, non sans effort, je l’avoue, mais en croyant m’honorer moi-même par ma fierté.

Il avait été débattu si nous irions à Venise et à Trieste comme l’année précédente ; mais la destinée nous emportait à ses fins. Une lettre de M. Zamorini mettait à notre disposition une grosse vilaine barque, décorée du nom de tartane, qui devait nous transporter à moitié frais d’Ancône à Corfou. Là, nous pourrions donner quelques représentations qui, aux mêmes conditions de partage des déboursés entre l’entrepreneur et nous, nous permettraient de nous rendre à Constantinople.

Cette embarcation avait très-mauvaise mine, et le patron, espèce de juif qui se donnait pour Grec,