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Page:Sand - Le Beau Laurence.djvu/145

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— C’est moi ! qu’y a-t-il ? expliquez-vous !

Nous étions trop essoufflés pour répondre. Ruisselants de sueur, noirs de poudre, les yeux hors de la tête, nous étions tous bègues.

Bellamare, qui s’était battu comme un lion, fut le plus vite remis, et, imposant silence à Moranbois qui voulait parler, il conduisit le prince auprès du commandant qui avait repris connaissance, comme si l’apparition inespérée de son maître l’eût rappelé à la vie et à la consigne.

— Monseigneur, dit Bellamare, cet homme a coupé de sa propre main la tête à notre camarade Marco et à votre domestique Meta, deux Français, deux enfants, pour une faute, peut-être une espièglerie qu’il n’a pas voulu nous dire, et qu’il a juré de ne dire qu’à vous. Nous étions fous, nous étions ivres, nous étions enragés, et pourtant un seul de nous l’a défié, renversé par terre et lui a coupé la moustache… en lui crachant au visage, je dois et je veux tout dire : s’il n’est pas content, nous sommes prêts à nous battre en duel avec lui, tous, les uns après les autres. Voilà toute la vengeance que nous avons tirée de lui, et, si vous ne la trouvez pas douce, vous en demandez trop à des Fran-