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Page:Sand - Le Beau Laurence.djvu/199

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blier et pour me donner à croire que tu ne pensais plus à moi. Je sais que tu as eu des maîtresses de passage, que tu t’es jeté à corps perdu dans des distractions qui n’étaient peut-être pas bien dignes de toi, et dont tu sortais triste et comme désespéré. Plus d’une fois, à ton insu, tes yeux m’ont dit : « Si je suis mécontent de moi-même, c’est votre faute. Il fallait me donner seulement de l’espoir, j’aurais été chaste et fidèle. » Oui, mon bon Laurence, oui, je sais tout cela, et tout ce que tu veux me dire, je pourrais te le dicter. Peut-être que… si tu m’avais été fidèle sans espérance… Mais non, non, je ne veux pas te dire cela, ce serait trop romanesque et peut-être pas vrai ; tu aurais été encore plus parfait que tu ne l’es, tu aurais été un héros de la chevalerie, j’aurais même pris de l’amour pour toi, il aurait fallu le vaincre ou y succomber ; le vaincre, ce qui est pour toi un grand chagrin ; y succomber, ce qui eût été pour moi un remords et un désespoir. Écoute, Laurence, je ne suis pas libre, je suis mariée.

— Mariée ! m’écriai-je ; toi, mariée ! Ce n’est pas vrai !