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Page:Sand - Le Beau Laurence.djvu/20

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sait comme un animal furieux ; ses flancs résistaient encore ; nous eûmes le temps de sauver tout ce qui était sur le pont, et, au bout d’une demi-heure consacrée à ce travail fiévreux, heureusement couronné de succès, l’Alcyon, soulevé par des vagues de plus en plus fortes, se dégagea de l’impasse par un bond de recul, comme s’il eût voulu prendre son élan pour le franchir ; puis, lancé de nouveau en avant, il l’aborda une seconde fois, mais noyé jusqu’à la moitié, la quille rompue, les mats rasés. Une lame formidable souleva ce qui restait du misérable bâtiment, et jeta sur le rocher où nous avions trouvé un refuge une partie du tablier et quelques débris de la coque ; le reste était englouti. On n’avait pu rien sauver de ce qui était dans la cale.

L’îlot où nous nous trouvions et dont je n’ai jamais su le nom, — il n’en avait peut-être pas, — pouvait mesurer cinq cents mètres de longueur sur cent de largeur. C’était un rocher calcaire blanc comme du marbre et à pic de tous côtés, sauf une échancrure par où la mer entrait et formait une rade microscopique semée de blocs détachés, représentant en petit l’aspect de l’archipel dont notre écueil faisait partie.