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Page:Sand - Le Beau Laurence.djvu/223

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Il s’est jeté dans mes bras en disant : « Te voilà seigneur, tu ne seras plus jamais comédien ! je peux mourir ! » et il est mort ! Vous voyez, mon ami, que cette fortune me coûte bien cher ! Mais nous causerons à loisir ; vous devez être fatigué, refroidi. Soupons, je vous garde après le plus longtemps possible. J’ai besoin de vous voir, de me reconnaître et de me résumer avec vous, car, depuis notre connaissance et notre séparation, je n’ai pas eu une heure d’épanchement.

Quand nous fûmes à table, il renvoya ses gens.

— Mes amis, leur dit-il, vous savez que j’aime à veiller sans faire veiller les autres. Mettez-nous sous la main tout ce qu’il nous faut, assurez-vous que rien ne manque à l’appartement de mon hôte, et allez vous coucher si bon vous semble.

— À quelle heure faut-il réveiller l’hôte de M. le baron ? dit le valet de chambre.

— Vous le laisserez dormir, répliqua Laurence, et vous ne m’appellerez plus M. le baron ; je vous ai déjà prié de ne pas me donner un titre qui ne m’appartient pas.

Le valet de chambre sortit en soupirant.