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Page:Sand - Le Beau Laurence.djvu/239

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que j’ai connus courant le monde. Des ouvriers de mon village ? À moins de leur faire des rentes, je ne pourrais les enlever à leur travail.

On ne se rendit pas compte de l’isolement extraordinaire où m’avait jeté une destinée exceptionnelle ; on crut que je m’abstenais volontairement de camaraderie et de tapage nocturne. On m’en sut un gré infini. On m’invita à paraître dans le monde du cru. Je répondis que la mort récente de mon père me rendait encore trop triste et trop peu sociable. On m’admira d’avoir aimé mon père ! Des jeunes gens, mes voisins, m’invitèrent à leurs chasses. Je promis d’y prendre part quand j’aurais fini mes travaux d’installation. Ils s’étonnèrent, en partant pour Paris à l’entrée de l’hiver, que je n’eusse pas de regret de ne pas les y suivre ; ils m’eussent présenté dans le plus beau monde. Je ne voulus pas poser l’excentricité ; je promis d’être plus tard un homme du monde. — Mais mon parti est bien pris, mon cher ami ! J’ai déjà assez vu la plupart de ces gens-là. Leur existence ne sera jamais la mienne. Ils sont vides presque tous. Ceux qui me semblent avoir de l’intelligence et du mérite ont contracté dans le bien-être des habitu-