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Page:Sand - Le Beau Laurence.djvu/277

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suite sur Rouen par Barentin, où nous prenons le chemin de fer.

Au bout d’un quart d’heure de marche, durant lequel je renseignai amplement Bellamare sur la situation d’esprit où j’avais laissé Laurence, nous accostâmes un autre omnibus qui amenait la société. Bellamare alla lui donner les explications projetées, et je me mis à aider au transbordement des femmes et des bagages pour avoir l’occasion de regarder tous ces personnages du roman comique de Laurence qui m’intéressaient vivement.

La première femme qui sauta légèrement et sans précaution sur le chemin encore rempli de neige fut la petite Impéria. Elle était bien petite et bien menue en effet, cette femme qui avait tenu une si grande place dans la vie de mon ami. Serrée dans sa petite robe de voyage, les cheveux roulés sous son microscopique toquet de faux astrakan, elle avait l’apparence d’une fillette qui va en vacances ; mais, en la regardant mieux, je vis qu’elle avait bien trente ans et qu’elle avait perdu toute fraîcheur. Malgré ses traits purs et réguliers, elle ne me sembla pas jolie. Anna la blonde était un peu grasse pour jouer les ingénues, et ses