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Page:Sand - Le Beau Laurence.djvu/282

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trait pénétrant de sa physionomie, étaient incontestables ; ses cheveux étaient bruns naturellement. Plus tard, quand je lui demandai pourquoi Laurence et Bellamare l’avaient vue blonde, elle me raconta qu’à cette époque elle avait eu pendant quelque temps la fantaisie de la poudre d’or, qui commençait à être de mode. Cette circonstance avait aidé à son déguisement dans le souvenir de Laurence.

En un instant, je vis qu’elle l’aimait éperdument et absolument. Je désirais être seul avec elle, mais c’était impossible sans que Laurence s’en aperçût. Je pris le parti de lui écrire séance tenante. Tout en crayonnant sur un album, je traçai ces mots que je lui remis à la dérobée.

« Je ne puis disposer de votre secret sans votre aveu. Dites la vérité à Laurence. Il le faut ! »

Elle sortit pour lire le billet, et rentra un peu troublée. Elle n’avait pas l’aplomb et l’expérience de son âge, elle avait encore l’émotion et la candeur de la première jeunesse ; Laurence était son premier, son unique amour.

Elle lui demanda un livre qu il avait promis de lui apporter. Il l’avait oublié. Il prétendit l’avoir