Page:Sand - Le Beau Laurence.djvu/322

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J’allai flâner un peu curieusement autour des acteurs. Je rencontrai Impéria, rhabillée et très-bien mise, avec une toilette de ville qui paraissait encore fraîche, bien qu’elle eût joué nombre de fois, me dit-elle, la Dame aux camellias à New-York. Dans une autre chambre, où j’aperçus Moranbois, je crus pouvoir entrer, et reculai de surprise en voyant Chérubin allaitant son poupon. L’enfant s’interrompait pour rire en promenant ses gros doigts roses sur la veste à boutons d’or du page.

— Entrez, entrez, me cria l’actrice travestie ; venez voir comme il est beau !

Elle lui ôta son lange, et, l’élevant dans ses bras, elle couvrit de son enfant nu sa poitrine nue, purifiée par cet embrassement passionné.

— Ne me demandez pas qui est son père, ajouta-t-elle ; ce cher amour ne le saura pas, et il sera bien heureux. Il n’aura que moi ! L’homme à qui je dois cet enfant-là, et qui ne s’en soucie pas, est un ange pour moi, puisqu’il me le laisse à moi toute seule !

— Vous ne craignez pas, lui dis-je en admirant le marmot, qui était magnifique, que cette vie agitée ne le fatigue ?