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Page:Sand - Le Beau Laurence.djvu/80

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une illumination. Essayez d’y grimper, messieurs !

Nous aidâmes Marco à rouler un des massifs escabeaux, et déjà il atteignait la provision de cierges, lorsque nous entendîmes marcher dans la galerie qui s’ouvrait au fond de la bibliothèque ; c’était le claquement traînard des sandales du frère Ischirion, et chaque pas le rapprochait de nous. Comme des écoliers en maraude surpris par le pion, nous éteignîmes notre lumière, nous nous cachâmes tous, qui çà qui là, derrière les divans et les piles de coussins ; Marco, accroupi sur le haut de son escabeau, se tint prêt à souffler la lampe du moine, s’il passait à sa portée. Nous étions décidés à lui faire peur plutôt que de lui laisser constater notre délit de vagabondage ; mais ce fut lui qui nous glaça le sang par l’étrange scène dont il nous rendit témoins.

Il portait un vaste panier qui paraissait fort lourd et il marchait lentement, élevant sa lampe pour se diriger à travers l’encombrement des vieux meubles. Quand il fut tout près de nous, il s’arrêta devant l’armoire qui contenait la mince bibliothèque et l’accessit du prince. Là, tenant toujours sa lampe et posant son panier près de lui, il en tira une à