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Page:Sand - Le Beau Laurence.djvu/83

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lîmes l’applaudir. Bellamare nous contint et nous emmena vite, sans qu’on se fût aperçu de notre présence.

Enfin nous retrouvâmes notre appartement, qui était assez loin et assez isolé pour nous permettre de parler haut et sans contrainte. Cette certitude étant le but principal de notre expédition, nous résolûmes de nous en contenter. Nous trouvâmes le souper servi dans notre grande chambre par Moranbois et Régine, qui avaient étalé leurs provisions sur une table d’un pied de haut entourée de coussins en guise de sièges, selon la coutume orientale. Anna et Purpurin avaient maraudé de leur côté. Ils avaient pénétré dans l’office, et, pendant que frère Ischirion rangeait ses têtes sur le dressoir de la bibliothèque, ils avaient fait main basse sur les gâteaux et sur quelques bouteilles de vin de Grèce. Le souper fut donc très-présentable, et le café, les pipes turques, les quolibets, les chansons nous conduisirent gaiement jusqu’à trois heures du matin.

Je me sentais pourtant un peu troublé intérieurement, en dépit des lazzis que l’habitude faisait pleuvoir de mes lèvres. La beauté du prince et le pres-