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Page:Sand - Le Beau Laurence.djvu/87

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bon frère pourquoi il était si pâle et paraissait si languissant. Il mit sa fatigue sur le compte du repas monstre qu’il avait dû ordonner la veille et se garda bien de parler de son hallucination dans la bibliothèque. Je me hasardai à lui demander d’un air ingénu pourquoi les têtes n’étaient plus sur la tour. De pâle, il devint livide, fit un signe cabalistique dans l’air et répondit d’un air égaré en se sauvant :

— Ce que fait le diable, Dieu seul le sait !

— Voilà, nous dit Bellamare, une belle occasion de continuer le rôle du diable ! allons chercher les têtes, faisons-les disparaître.

— C’est fait, répondit Marco, je n’ai pas voulu m’endormir sans me procurer une satisfaction. J’ai pris une pincette de brasero, et je me suis glissé dans la bibliothèque. Le moine, qui s’était enfui sans demander son reste, avait laissé sa lampe éteinte et son grand panier béant, j’y ai fourré les têtes et je les ai emportées.

— Et où diable les as-tu mises ? s’écria Régine ; pas ici, j’espère ?

— Non ! je les ai cachées dans un trou de vieux mur que j’ai bouché avec des pierres. Je veux les