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Page:Sand - Le Dernier Amour, 1882.djvu/171

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mœurs rustiques n’était pas un résultat de la corruption sociale ; enfin si, à force de vouloir relever ma fiancée par mon respect, je ne lui ôtais pas ce que son cœur avait de puissance et de spontanéité.

Un matin, Tonino vint me trouver embarrassé plutôt qu’ému.

— J’accours me confesser, dit-il ; il faut me laisser épouser tout de suite la Vanina. Nous ne pouvons plus attendre. Que ma cousine ne veuille pas de fêtes dans sa maison avant la fin du deuil qu’elle s’est imposé, c’est bien : je respecte cela ; mais nous pouvons bien nous marier sans violons, la fillette et moi. S’il faut un festin et un bal champêtre, on remettra ça au jour de vos noces.

— Voyons, enfant, répondis-je, est-ce que vous avez manqué à votre parole ?

— Non ; mais je sens que je ne peux plus la tenir. J’ai pris quelques baisers à ma fiancée, chaque jour un peu plus prolongés que ceux de la veille, et, que voulez-vous ! elle me les a rendus. Il faut me délier de mon serment, ou me faire vite prononcer le serment conjugal.

— Je vais en parler à votre cousine.

— Oui, mais attendez ! Il ne faut pas la consulter, il faut lui dire que vous le voulez.

— Je ne lui parle pas sur ce ton-là, mon cher enfant !…

— Vous avez tort. Vous ne saurez jamais la prendre, si vous ne lui parlez pas avec autorité. Elle ne se