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Page:Sand - Le Diable aux champs.djvu/114

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TROISIÈME PARTIE


SCÈNE PREMIÈRE


Samedi matin au château de Noirac


Dans la chambre de Diane


DIANE, JENNY.

JENNY. — Oui, madame, il commence à faire jour ; mais vous ne voulez pas monter à cheval avant le lever du soleil ! Il a fait un temps affreux cette nuit, et je croyais que le vent emporterait les toits. Vous feriez mieux de ne pas sortir ce matin et de vous rendormir, car vous vous êtes couchée bien tard et vous n’avez pas dormi quatre heures.

DIANE. — Je n’ai pas dormi quatre minutes, et je sens que je ne dormirai pas de sitôt. Reste un peu là. Je ne sortirai pas. Sais-tu bien qu’après avoir ri comme une folle de l’idée de ta grisette, j’ai fini, grâce à l’insomnie qui montre les choses en noir, par m’en tourmenter sérieusement ? J’ai beau chercher sur quoi peuvent porter ses menaces et quel tour elle prétend me jouer, je ne trouve rien !

JENNY. — Eh ! sans doute, madame ! Puisque vous ne vous reprochez rien envers personne, vous n’avez rien à craindre de personne. N’y pensez plus. C’est une tête folle, et elle ne serait pas si hardie que de se présenter devant vous.