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CINQUIÈME PARTIE


SCÈNE PREMIÈRE


Dimanche, la nuit, chez Jacques


RALPH, JACQUES auprès du feu.


(Ils gardent le silence. Le grillon chante. Minuit sonne.)


JACQUES, mélancolique. — Un jour qui finit, un jour qui commence ! Ne vous semble-t-il pas qu’aussitôt qu’on s’est dit, en entendant le timbre d’une horloge, nous voici à dimanche, on compte déjà ce dimanche comme si c’était un jour révolu ? L’idée qu’on se fait du temps est illusoire, et on passe sa vie à croire qu’il est trop tard ou trop tôt pour toutes choses.

RALPH, tranquille. — Ce premier feu de l’automne est agréable ! Entendez-vous comme il réjouit le cœur de votre petit lutin du foyer ?

JACQUES. — Oui, ce grillon-là chante dans l’âtre tout l’hiver, comme son cousin le grillon des champs crie tout l’été dans la prairie. Tous deux adorent l’esprit du feu, mais sous une autre apparence. Les uns ont le culte du soleil, comme les Péruviens ; les autres celui de la flamme sur l’autel, comme les mages. Croyez-vous qu’ils se damnent et se persécutent les uns les autres.

RALPH, gravement. — Je ne le pense pas.

JACQUES. — Mais vous ne prétendez pas pour cela, comme