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Page:Sand - Le Marquis de Villemer.djvu/135

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et gagne tous les cœurs par sa bonhomie et sa simplicité. Jamais il ne fait allusion à ses triomphes passés, et jamais il ne se targue d’aucun de ses avantages, qui sont cependant réels, car il a un esprit charmant : il est toujours très-beau, il chante à ravir, il compose même un peu : ce n’est pas bon, mais cela a une certaine élégance. Il cause à merveille, sans beaucoup de fonds, car il n’a lu ou retenu que des choses frivoles ; mais il en convient avec candeur, et les choses sérieuses sont loin de lui déplaire, car il interroge son frère à tout propos et l’écoute avec intelligence et respect.

« Quant à celui-ci, c’est toujours le même miroir sans tache, l’exemple de toutes les vertus, de toutes les bontés, et la modestie en personne. Il est très-occupé d’un grand travail historique dont son frère dit merveilles, et cela ne m’étonne pas. La nature serait bien illogique, si elle lui avait refusé la faculté d’exprimer le monde d’idées fortes et de sentiments vrais dont elle a doué son âme. Il y a en lui comme un recueillement religieux de son œuvre qui le rend plus réservé avec moi et plus expansif avec sa mère et son frère qu’il ne l’était précédemment. Je m’en réjouis pour eux, et quant à moi, je ne m’en formalise pas ; il est bien naturel qu’il n’attende de moi aucune lumière sur de si graves sujets, et qu’il soit porté à interroger des personnes plus mûres et plus versées dans la science des faits humains. À Paris, il m’avait témoigné beaucoup d’intérêt, surtout le jour