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Page:Sand - Le Marquis de Villemer.djvu/194

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que le marquis avait eu depuis qu’elle le connaissait un régime très-opposé à celui qui lui était prescrit : il ne faisait pas d’exercice, il mangeait mal et veillait trop. Elle ne savait pas si cette rechute ne serait pas mortelle ; mais si elle ne l’était pas, elle se promettait d’être sur ses gardes à l’avenir et d’oser s’occuper de sa santé, eût-il encore avec elle cet air froid et sombre que maintenant elle attribuait à une angoisse toute physique.

Le duc fut de retour avant le soleil. Il n’avait pas trouvé le médecin, il lui fallait aller le chercher à Évaux. Avant de s’y rendre, il voulut voir son frère. L’aube dessinait sa première ligne blanche à l’horizon lorsqu’il regagna sans bruit la chambre du marquis. Celui-ci dormait alors si réellement qu’il ne l’entendit pas monter, et que Caroline put aller au-devant de lui sur l’escalier pour qu’il ne fît aucune exclamation de surprise en la voyant. Sa surprise fut grande en effet lorsqu’il la vit descendre vers lui en mettant un doigt sur ses lèvres. Il ne comprit rien à ce qui s’était passé. Il crut que le marquis lui avait caché la vérité, qu’elle savait son amour, son chagrin, et qu’elle était venue le consoler.

— Ah ! ma chère amie ! lui dit-il en lui prenant les mains, soyez tranquille ; il m’a tout confié. Vous êtes venue, vous êtes bonne, vous le sauverez ! — Et il porta les mains de Caroline à ses lèvres avec une véritable affection.

— Mais, lui dit-elle un peu étonnée, puisque vous