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Page:Sand - Le Marquis de Villemer.djvu/276

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premier moment. Tenez !… il vous suivrait peut-être… il est éloquent !… il triompherait de votre résistance, il vous ramènerait, et je serais forcée de lui dire… ce que je ne veux jamais lui dire !

— Vous ne voulez jamais lui dire non ! reprit Caroline, toujours abusée et ne sentant nullement la menace de sa prétendue faute suspendue sur sa tête ; c’est moi qui dois le lui dire ? Eh bien ! je lui écrirai, et ma lettre passera par vos mains.

— Mais sa douleur,… sa colère peut-être,… y songez-vous  ?

— Madame, laissez-moi partir ! répondit vivement Caroline, que la pensée de cette douleur remua jusqu’au fond des entrailles. Je ne suis pas venue ici pour souffrir à ce point. On m’a fait entrer chez vous sans me dire seulement que vous eussiez des fils. Laissez-moi en sortir sans trouble comme sans reproche. Je ne reverrai jamais M. le marquis de Villemer, voilà tout ce que je peux vous promettre. S’il doit me suivre…

— N’en doutez pas ! Mon Dieu, parlez plus bas ! Si quelqu’un vous entendait !… Et s’il vous suit, que ferez-vous ?

— Je ne m’exposerai pas à être suivie. Veuillez me permettre d’arranger ceci selon ma prudence. Dans une heure, je reviendrai prendre congé de vous, madame la marquise.