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Page:Sand - Le Marquis de Villemer.djvu/323

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qui se présente de loin comme une ville de géants sur une roche d’enfer. C’est la plus forte citadelle du moyen âge dans le pays ; c’était le nid de cette terrible race de vautours sous les ravages desquels tremblaient le Velay, le Forez et l’Auvergne. Les anciens seigneurs de Polignac ont laissé partout, dans ces provinces, des souvenirs et des traditions dignes des légendes de l’ogre et de Barbe-Bleue. Ces tyrans féodaux détroussaient les passants, pillaient les églises, massacraient les moines, enlevaient les femmes, mettaient le feu aux villages, et cela de père en fils pendant des siècles. Le marquis de Villemer a fait là-dessus un des plus remarquables chapitres de son livre, concluant que les descendants de cette famille, bien innocents, à coup sûr, des crimes de leurs ancêtres, semblaient avoir, par leurs mauvais destins, expié les triomphes de la barbarie.

« Leur citadelle était inexpugnable. Le rocher est taillé à pic de tous les côtés. Le village est groupé au-dessous, porté par la colline qui soutient le bloc de lave. C’est assez loin de Lantriac. Les ravins infranchissables rendent ici les distances sérieuses. Toutefois, étant partis de bonne heure, nous sommes arrivés mardi dernier vers midi, et notre petit cheval nous a portés jusqu’au pied de la poterne. Peyraque m’a laissée là pour s’occuper de la bête et pour voir d’autres bêtes, car il est en bonne renommée de science vétérinaire, et là où il paraît, la pratique accourt toujours