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Page:Sand - Le Marquis de Villemer.djvu/352

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de Caroline, que Peyraque obéit. On atteignit M. de Villemer qui se dérangea pour laisser passer, ne leva pas la tête et ne s’arrêta pas. Il ne voulait être ni importun ni rebelle, mais il voulait savoir, il voulait suivre jusqu’à la mort.

Malheureusement ses forces étaient à bout. La difficulté de cette marche toujours ascensionnelle depuis Lantriac, et surtout depuis deux lieues dans un chaos de pierres et de gazons tourbeux, avait provoqué une sueur abondante qu’il sentit se glacer au souffle d’une brise âpre qui tournait à l’est subitement. La respiration lui manqua, et il fut forcé de s’arrêter.

Caroline tourna la tête vers lui, prête à s’écrier… Peyraque lui saisit le bras : — Du courage, ma fille ! lui dit-il avec un accent profondément religieux ; Dieu veut cela de toi ! — Et elle se sentit écrasée par la foi robuste du paysan.

— Que voulez-vous qu’il lui arrive ? reprit-il en avançant toujours. Il a eu la force de venir jusque-là, il aura celle de faire encore un bout de chemin. Un homme ne meurt pas pour une course à pied ! Il se reposera aux Estables. Et s’il est malade… j’y serai !

–Mais il me suit ! Tu vois bien qu’il faudra lui parler là ou ailleurs !

— Pourquoi vous suivrait-il ? Il ne se doute pas seulement que vous êtes là. Tant de voyageurs veulent voir le Mezenc !

— Par le temps qu’il fait ?