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Page:Sand - Le Marquis de Villemer.djvu/375

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— Oui, oui, je vais écrire, dit la duchesse ; mais comment faire savoir cela bien vite à mon pauvre Urbain ?

— Je m’en charge, dit le duc. J’irais moi-même si la duchesse pouvait m’accompagner, car la quitter trois jours,… ma foi, c’est trop tôt !

— Fi ! s’écria la duchesse ; vous comptez que, la lune de miel passée, vous courrez comme cela sans moi, le cœur léger et le pied aussi ? Oh ! comme vous vous trompez, homme charmant, et comme je saurai mettre ordre à votre inconstance !

— Et comment ferez-vous, voyons ? dit le duc en la regardant avec ivresse.

— En vous adorant toujours plus ! Et nous verrons bien si vous vous en lasserez !

Pendant que le duc embrassait les cheveux d’or de sa femme, la marquise écrivait à Camille avec une juvénilité merveilleuse. — Tenez, mes enfants, leur dit-elle, est-ce bien comme ça ? — La duchesse lut : « Ma chère madame Heudebert, ramenez-nous Caroline, et qu’elle accoure avec vous dans mes bras. Elle avait été horriblement calomniée, je sais tout. Je pleure d’avoir cru à la chute d’un ange. Qu’elle me le pardonne ! Qu’elle revienne, qu’elle soit ma fille à jamais, qu’elle ne me quitte plus ! Nous sommes deux qui ne pouvons pas vivre sans elle ! »

— C’est à ravir ! c’est bon comme vous ! dit la duchesse en fermant la lettre, et le duc sonna pendant que sa mère écrivait l’adresse.