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Page:Sand - Le compagnon du tour de France, tome 1.djvu/125

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et s’engage à ne pas quitter Blois sans avoir pénétré les desseins de la Savinienne et soulevé le voile qui cachait l’avenir du Corinthien.

CHAPITRE XII.

Ce fut le lendemain, un dimanche bien entendu, que tous les compagnons et affiliés du Devoir de liberté de Blois employèrent leur journée à délibérer sur l’affaire du concours. La chambre consacrée aux étant livrée aux maçons pour cause d’urgente réparation, l’assemblée eut lieu ce jour-là dans la grange de la Savinienne. Tous les membres s’assirent sans façon sur des bottes de paille. Le Dignitaire avait une chaise, et devant lui une table pour écrire, autour de laquelle étaient assis le secrétaire et les anciens. Pierre eût désiré terminer ses affaires et partir dès le matin. Mais, outre que l’avertissement du rouleur n’avait que trop vrai et qu’il ne pouvait trouver un seul bon ouvrier qui ne fût intéressé au concours, il regardait comme un devoir de répondre à l’appel qui le convoquait. Quand on eut proposé la pièce du concours, et lorsqu’on allait procéder à l’élection des concurrents, il demanda la parole, afin de pouvoir se retirer ensuite. Elle lui fut accordée ; et, malgré l’agitation soulevée par l’affaire principale, on se disposa à l’écouter avec attention. Chacun était curieux de voir ce qu’un compagnon généralement estimé pouvait alléguer contre une chose aussi glorieuse et aussi sainte que la lutte contre les dévorants. Pierre prit la parole. Il démontra d’abord que la victoire était toujours chanceuse ; que le jury le plus intègre et le mieux composé pouvait se tromper ; qu’en matière d’art il n’y avait pas d’arrêts incontestables ; que le public lui-même était souvent abusé par une tendance au mauvais