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Page:Sand - Le compagnon du tour de France, tome 1.djvu/181

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donné un rendez-vous qui m’était sorti de la mémoire. Je ne suis venu ici que pour faire partir le Corinthien avec le Berrichon, comme cela est convenu entre nous.

— Ne vous avait-on pas remis une note ? dit le Dignitaire

— En effet, dit Pierre ; mais tant d’autres soins m’ont absorbé que je n’ai même pas songé à l’ouvrir. Je dois l’avoir encore sur moi.

Il chercha dans ses poches, et y trouva effectivement la note mystérieuse de l’étranger. Il la déplia, l’approcha de la clarté qu’envoyait le foyer, et y lut les noms du Dignitaire et de l’avocat, ainsi que ceux de plusieurs autres personnes recommandables et bien connues de lui dans la ville de Blois.

— Ce sont là, lui dit Romanet, les gens qui devaient vous répondre de la loyauté de ce négociant ; mais puisque vous ne les avez pas consultés et que nous voici, nous serons, si vous voulez, ses répondants auprès de vous, de même que nous avons été les vôtres auprès de lui. Quant au rendez-vous, consultez encore votre note, il doit être désigné pour ce soir et pour le lieu où nous sommes.

— Il l’est effectivement, répondit Pierre après avoir de nouveau regardé le papier. Mais pourquoi ce singulier prétexte : Pour la qualité des vins, consulter messieurs tels et tels, etc… ? Pour les goûter, aller à l’auberge de, etc… ? Il est vrai que ma négligence à lire cette note prouve que ces sortes de choses sont bien faciles à perdre.

— Et comme le moindre prétexte peut donner prise à la persécution, vous feriez bien de la brûler, dit le Dignitaire.

Pierre remit la note au Dignitaire, qui s’empressa de la jeter au feu. — Est-ce que, par hasard, vous seriez plus avancé que moi avec ces gens-là ? dit Pierre en désignant à la dérobée les personnes restées à table.