Page:Sand - Le compagnon du tour de France, tome 1.djvu/188

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vait agréable de plaisanter en attendant qu’il se fit connaître.

— En ce cas, répondit le père Huguenin en commençant à passer sa veste, je vais vous montrer que si l’on entre sans façon chez un malade, on en peut sortir avec moins de cérémonie encore.

— Pardon pour mon camarade, maître, dit Amaury en se montrant et en saluant le père de son ami avec respect ; nous venons vers vous de la part de Pierre, votre fils, pour vous offrir nos services.

— Mon fils ! s’écria le maître, et où donc est-il, mon fils ?

— À Blois, retenu pour deux ou trois jours au plus par une affaire qu’il vous dira lui-même ; il nous a embauchés, et voici deux mots de lui pour nous annoncer.

Le père Huguenin, ayant lu le billet de son fils, commença à se sentir plus calme et moins malade. — À la bonne heure, dit-il en regardant Amaury, vous avez tout à fait bonne façon, mon fils, et votre figure me revient ; mais vous avez là un camarade qui a de singulières manières. Voyons, l’ami, ajouta-t-il en toisant le Berrichon d’un œil sévère, êtes-vous plus gentil au travail que vous ne l’êtes à la maison ? Votre casquette vous sied mal, mon garçon.

— Ma casquette ? dit le Berrichon tout étonné en se décoiffant et en examinant son couvre-chef avec simplicité. Dame ! elle n’est pas belle, notre maître ; mais on porte ce qu’on a.

— Mais on se découvre devant un maître en cheveux blancs, dit le Corinthien, qui avait compris la pensée du père Huguenin.

— Ah dame ! on n’est pas élevé dans les colléges, répondit le Berrichon en mettant sa casquette sous son bras ; mais on travaille de bon cœur, c’est tout ce qu’on sait faire.