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Page:Sand - Le compagnon du tour de France, tome 2.djvu/209

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PROCOPE LE GRAND.

Les figures de Jean Huss, de Jérôme de Prague, de Wicklef, devraient donc précéder celles de Ziska et de Procope. Mais les réformateurs au quinzième siècle avaient eu leurs devanciers au treizième et au quatorzième. D’ailleurs toute cette cause se rattachait à l’Évangile, au Christ. Voilà donc en première ligne le Christ et l’Évangile ; là est la lumière qui devrait éclairer le sujet tout entier. On le voit, nous sentons bien, du moins, l’immense difficulté d’une pareille tâche ; et on nous pardonnera si, dans cette biographie comme dans la précédente, il s’agit plus des événements que de leur cause, plus d’histoire proprement dite que de théologie. Nous resserrons notre point de vue, pour pouvoir le remplir et pour être utile.

Avant de commencer, pourtant, nous prierons le lecteur de remarquer notre épigraphe ; car, à défaut de mieux, elle explique, quant à présent, ce que nous avons tenté déjà de faire reconnaître et toucher au doigt dans l’histoire de Ziska. Voici, dans son entier, le fragment authentique où nous avons puisé cette épigraphe. C’est un passage d’une lettre écrite par le pape Martin V au roi de Pologne, en 1430, pour l’engager à se joindre à la croisade contre les hérétiques de Bohême. Ce prince lituanien (Wladislas IV), très-récemment converti à la loi chrétienne, n’était probablement pas très-rompu aux subtilités théologiques. Aussi, le pape, jugeant à propos de lui parler clair et de ne pas équivoquer sur les mots, afin qu’il comprit l’importance de son alliance avec le saint-siége et l’Empire, s’exprimait en ces termes : « Ce n’est pas seulement l’altération de la religion qui doit animer contre eux un roi catholique : la prudence le veut aussi. Par les dogmes de ces gens-là, toute police est renversée ; l’autorité des rois est foulée aux pieds ; ils troublent et confondent tous les droits humains, en disant qu’il ne faut obéir à aucune puissance, pas même