Aller au contenu

Page:Sand - Le compagnon du tour de France, tome 2.djvu/227

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
220
PROCOPE LE GRAND.

ravagèrent tout le district de Pilsen, et marchèrent sur Prague pour l’assiéger de nouveau. Mais la publication d’une nouvelle croisade de Martin V et l’approche d’une nouvelle armée allemande engagèrent, comme de coutume, les Pragois à demander la paix. Ils le firent, cette fois, par l’intermédiaire du prêtre taborite Coranda. Comme de coutume, les Taborites laissèrent apaiser leur ressentiment, et, en sauvant encore une fois la patrie, ils augmentèrent ce trésor d’ingratitude qu’on amassait contre eux.

Au milieu de juin 1427, l’armée allemande vint mettre le siége devant Mise. Elle n’était composée cette fois que de quatre-vingt mille hommes. Pour vaincre une armée de dix-huit à vingt mille Bohémiens, c’était peu ; mais le pape comptait sur l’énergie, l’habileté et le zèle du cardinal de Winchester son légat, qui avait levé lui-même les troupes en Angleterre, en Saxe, Franconie, Thuringe, Bavière, Carinthie, etc. L’électeur de Brandebourg commandait un des corps d’armée, et le cardinal en personne dirigeait le plus considérable. Sigismond ni aucun membre de sa famille ne se joignirent à cette seconde croisade ; ils avaient agi de même à l’égard de la précédente. D’une part, l’Empereur n’était pas fort bien réconcilié avec le saint-siège ; de l’autre, il ne voulait plus se compromettre en personne contre ses futurs sujets. En avançant en âge, l’Empereur, qui s’était imaginé d’abord ne rencontrer qu’une poignée de mutins et n’avoir qu’à montrer sa belle personne, son épaisse barbe blonde et ses longs cheveux bouclés, ceints de la couronne de Charlemagne, pour faire tomber à genoux les porte-fléaux et les cordonniers de la Bohême, avait fait bien des réflexions et profité de ses rudes désastres. Il comprenait enfin que l’intrigue et la désunion pouvaient seules corrompre ou paralyser ces fiers courages.