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Page:Sand - Les Dames vertes, 1879.djvu/187

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courante, tandis qu’au dehors toutes les eaux dormaient enchaînées sous la glace, était agréable à voir et à entendre.

J’eus quelque peine à me décider à regarder la néréide. Je la trouvai moins belle que le souvenir resté en moi de celle dont elle me rappelait la forme et les traits. Puis, peu à peu, je me mis à l’admirer et à la chérir comme on chérit un portrait qui vous retrace au moins l’ensemble et quelques traits d’une personne aimée. Ma sensibilité était depuis si longtemps contenue et surexcitée, que je fondis en larmes et restai assis et comme brisé, à la place où j’avais vu celle que je n’espérais plus revoir.

Un bruit de robe de soie me fit relever la tête, et je vis devant moi une femme assez grande, très-mince, mais du port le plus gracieux, qui me regardait avec sollicitude. Je songeai un instant à l’assimiler à ma vision ; mais la nuit qui se faisait rapidement ne me permet-