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Page:Sand - Les Dames vertes, 1879.djvu/44

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paient en bleu pâle sur le ciel noir, à la lueur des premiers éclairs.

Mais le vent se leva et me chassa de la fenêtre, dont il semblait vouloir emporter les rideaux. Je fermai tout, et, avant de me recoucher, je voulus braver les spectres et satisfaire Zéphyrine en accomplissant avec conscience ce que je présumai être les rites de l’évocation. Je nettoyai la table et en ôtai les restes de mon repas. Je plaçai les trois carafes autour de la corbeille. Je n’avais pas dérangé le sel ; et, voulant me venger de moi-même en provoquant jusqu’au bout ma propre imagination, je mis trois chaises autour de la table et trois flambeaux sur la table, un devant chaque fauteuil.

Après quoi, j’éteignis tout et m’endormis tranquillement, sans manquer de me comparer à sire Enguerrand, dont ma mère m’avait souvent chanté, sous forme de complainte, les aventures dans le terrible château des Ardennes.