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Page:Sand - Les Deux Freres.djvu/105

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tout seul, en secret, la communication avec la chambre que j’occupe, et qui était celle des anciens seigneurs.

Je m’expliquai alors pourquoi Ambroise avait tant insisté pour avoir l’entreprise des travaux et la jouissance du donjon. Je me rappelai aussi ses fantastiques disparitions à l’époque de ces travaux.

Nous arrivâmes à un endroit où la comtesse voulut prendre la lanterne et passer devant.

— Il y a ici, me dit-elle, un abîme à éviter. C’est pourquoi nous allons trouver une porte très-solide que M. de Salcède a fait établir pour préserver les curieux du danger d’une exploration et en même temps pour mettre à l’abri le secret de ce passage, connu de nous seuls, de Gaston et d’Ambroise. Il est bon que vous le connaissiez, s’il doit nous servir encore dans quelque circonstance imprévue. Regardez bien où nous sommes.

Elle éleva la lanterne, et je vis à notre gauche un trou noir assez effrayant ; un petit parapet protégeait notre sentier.

— Ambroise a trouvé là, me dit la comtesse, beaucoup d’ossements humains, comme si cet abîme avait servi d’oubliette ou comme si ces grottes avaient été le théâtre d’un combat. La tradition n’en dit rien ; mais l’espélunque a ses légendes de revenants, et les gens du pays ne s’y risqueraient pas volontiers.

J’ouvris assez facilement la petite porte de chêne