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Page:Sand - Les Deux Freres.djvu/172

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XV


Repoussé par lui avec violence au dernier moment, lorsque j’avais voulu l’empêcher de persister dans cette fatale méprise en m’attachant à son bras, j’allai tomber sur mon lit, et j’y restai quelques instants suffoqué, presque sans connaissance. Le bruit de ces lourds verrous qui, j’en avais le pressentiment, me fermaient à jamais le cœur de Roger, de ce cher enfant auquel j’avais tout sacrifié, jusqu’à mon honneur, avait brisé mon courage et anéanti ma volonté. Je n’avais plus qu’un parti à prendre, quitter le service de la famille et m’en aller vivre loin du spectacle d’une spoliation que je ne pouvais plus conjurer.

Pourtant je recouvrai ma lucidité, et j’essayai de voir ce que faisait Roger ; mais cette porte-là n’avait aucune fente, aucune avarie dont je pusse profiter. Elle était matelassée et garnie d’un vieux cuir doré. La clef était dans le trou de la serrure