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Page:Sand - Les Sept Cordes de la lyre.djvu/89

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les sept cordes de la lyre

tre, vous croiriez à la magie plutôt qu’à la musique ?

albertus. Hélas ! j’ai creusé laborieusement cette mine obscure et profonde qu’on appelle la cabale, espérant y trouver quelques vérités cachées sous un fatras de mensonges et d’aberrations… Je n’ai rien trouvé que l’imposture et l’ignorance des temps grossiers, éléments fatals de l’humanité, qui, à chaque instant, posent des bornes au progrès de l’esprit… Aujourd’hui même, n’essaye-t-on pas de faire revivre la sorcellerie, la puissance des charmes et l’empire des charlatans, sous le nom de magnétisme ? C’est la magie des temps modernes.

Et pourtant l’esprit du sage s’arrête devant les faits d’un ordre nouveau et qui détruisent tout l’ordre des lois connues. Que doit-il conclure en présence de prodiges auxquels ses sens ne peuvent refuser de se soumettre ? En théorie, il doit à la postérité de ne rien rejeter comme impossible. En fait, il se doit à lui-même de se méfier du témoignage de ses sens jusqu’à ce que sa raison se soit mise d’accord avec l’expérience.

hanz. Mon Dieu, mon Dieu ! serait-il possible que l’homme eût végété jusqu’ici sur cette terre infortunée sans oser lever le voile épais qui le tient abruti, tandis qu’il ne faudrait à tous que ce qui a été départi à quelques esprits supérieurs, la force et la confiance d’arracher ce bandeau et de percer ces ténèbres ! Eh quoi ! au sein des générations aveugles qui se sont traînées sur la face du globe, sans autre espoir que les promesses fallacieuses des prêtres, sans autre consolation que le rêve vague et flottant d’une autre vie, sans autre morale qu’une jouissance brutale ou un renoncement absurde… des saints, des astrologues,