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Page:Sand - Ma Soeur Jeanne.djvu/139

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m’enfuis courant au hasard, voulant appeler au secours, mais complétement muette et comme folle. Je vis devant moi une porte ouverte, je m’élançai, j’entrai dans une chambre où un homme d’un certain âge et d’une figure douce tenait un journal qu’il ne lisait plus, car le bruit sourd de cette lutte avait attiré son attention, et il avait les yeux levés vers moi.

» Je me jetai à ses pieds, et entourant ses genoux de mes deux bras, je réussis à lui dire :

» — Sauvez-moi !

» Alors je ne sais plus ce qui se passa, j’étais évanouie.

» Quand je revins à moi, je me vis sur un fauteuil, un jeune homme me faisait respirer une odeur forte ; l’homme plus âgé, qui me soutenait dans ses bras, lui disait :

» — Elle est moins glacée, elle se ranime.

» Cet homme, c’était sir Richard Brudnel, ce médecin était le sien. Quand j’eus recouvré mes sens, ils me quittèrent, laissant une femme de service auprès de moi, me disant de ne rien craindre de personne, et m’engageant à prendre quelque repos.

» J’étais brisée, mais la peur de voir revenir mon père me tint éveillée toute la nuit pendant que la