Page:Sand - Ma Soeur Jeanne.djvu/210

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

voulais adopter, élever quelque petit malheureux, cela m’aurait mieux valu que des singes et des perroquets. Richard n’a pas voulu. Il a cru que je ne saurais pas, ou qu’on dirait que cet enfant était le nôtre. Ah ! je le vois bien, l’attachement que j’ai eu pour lui ne m’a pas réhabilitée. Il ne m’a rendue bonne à rien, utile à personne…

— Ne vous en prenez point à lui. Il a voulu vous marier, c’est vous qui vous êtes acharnée à le retenir près de vous. Votre douceur apparente a caché une profonde obstination, je dirais un calcul habile, si je doutais de votre désintéressement.

— Ah ! vous en doutez peut-être ! Tenez, je ne veux plus supporter cette existence-là. J’ai la situation d’une fille entretenue. Je vous l’ai dit dès le premier jour, j’en souffre affreusement, il faut en finir !

— Que voulez-vous faire ?

— J’accepterai le premier mari que sir Richard me présentera ; certainement il ne me livrera pas à un malhonnête homme.

— Ce ne sera certes pas son intention ; mais il sera trompé.

— Un honnête homme ne peut pas vouloir de moi ?

— Avec une dot ? certainement non !

— Mais sans dot ?