Aller au contenu

Page:Sand - Ma Soeur Jeanne.djvu/234

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

des choses positives. Le chapitre du sentiment a été épuisé hier soir. J’ai peu de jours à passer ici. Le temps de me reposer, et je repars. Vous est-il possible de me fixer l’époque à laquelle je dois revenir consacrer votre bonheur ?

— Vous voulez partir encore ?

— Il le faut absolument, et cette fois j’ai la douce certitude qu’on ne s’ennuiera pas ici en mon absence.

— Ici, en votre absence, on n’aura aucun bonheur, si c’est aux dépens du vôtre.

Il se leva avec une sorte de colère.

— Encore ? s’écria-t-il ; vous persistez à croire… ? Est-ce de la jalousie ? De quel droit me soupçonnez-vous de feindre un regret que je n’éprouve pas ? Ne me suis-je pas expliqué hier assez nettement ? Ma parole n’est-elle plus rien à vos yeux ! Ah ! c’est fatal, il y a une femme en cause, et, si nous n’y prenons garde, nous allons nous haïr. Je partirai dès demain.

— C’est moi qui dois partir, dis-je avec fermeté. Plus vous mettez de passion dans votre légitime orgueil, plus je sens que je suis coupable et qu’au fond du cœur vous me méprisez. Vous m’aviez confié Hélène, vous disiez votre Hélène ! Je ne devais pas la regarder, je ne devais pas recevoir ses confidences, je ne devais pas être ému, enfin je ne devais pas m’épren-