Aller au contenu

Page:Sand - Ma Soeur Jeanne.djvu/244

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

éprouvé le besoin de se donner plus de prétexte qu’elle n’en avait déjà.

M. Brudnel, qui devinait bien mon angoisse, me retint et me fit asseoir entre Manuela et lui. Il fut admirable d’intelligence et de générosité.

— Voyons, docteur, me dit-il, je ne veux pas m’en aller sans savoir ce que le médecin conclut de son examen. Comment trouvez-vous votre malade ? Mieux qu’hier, ou moins bien ?

— Pas mieux, répondis-je. Il faudrait le repos ou la distraction, je ne sais ; mais il y a excès d’agitation morale.

— Peut-être faut-il changer d’air ?

— Peut-être.

— Qu’en pensez-vous, ma fille ?

— Je serai bien partout, comme me voilà, répondit-elle, avec vous deux.

— Non, dit sir Richard, vous serez encore mieux tête à tête avec votre mari ; mais il n’est pas question de nous quitter maintenant, il faut d’abord vous guérir, et je crains que ce pays ne vous convienne pas. J’avais fait le projet de transporter prochainement nos pénates en France, au pied des Pyrénées, tout près du pays du docteur, dans un site charmant où j’ai avisé un grand chalet au moins aussi confortable