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Page:Sand - Ma Soeur Jeanne.djvu/256

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es beau garçon. Tu admires ce sublime sacrifice avec la vanité inséparable de la jeunesse et de l’inexpérience ; tu le trouves si méritoire, que tu donnes ton honneur, l’axe souverain de toute la vie, en échange d’un moment d’exaltation nerveuse ; mais à présent il faut en rabattre, car, au bout de trois jours, tu t’aperçois qu’on ne t’a rien sacrifié du tout, que la santé, le calme, la tendresse et la joie sont dans les mains magnétiques de sir Richard. Tu n’apportes que les transports de ta vitalité à une malade qui les appelle, mais qui ne peut les partager sans en mourir. Sais-tu ce qu’il te reste à faire ? T’en aller à l’instant, rejoindre ta mère et lui tout dire. Tu ne peux pas craindre que ta mère te donne un conseil égoïste et lâche. C’est une âme supérieure ; elle tranchera le nœud gordien, et, quoi qu’elle prescrive, il faudra t’y soumettre. Je crois qu’elle te défendra de rien confier à ta sœur, ton sentiment pour la Manuela n’est pas assez pur pour qu’elle le comprenne, et, comme j’espère que tu en reviendras, tu aurais fait à Jeanne un chagrin inutile. Va donc, n’attends pas la permission de Manuela, tu ne l’obtiendrais qu’en réitérant des promesses que tu ne pourras pas tenir. Ne consulte pas non plus M. Brudnel, dont le rôle en tout ceci reste assez mystérieux ; ta mère avant tout et en dernier