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Page:Sand - Ma Soeur Jeanne.djvu/321

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rées. Jeanne se renversa sur son fauteuil et ferma les yeux pour ne pas rencontrer les siens.

» — Non, dit le marquis, je n’arrive point à propos, vous le voyez bien !

» — Pardonnez-moi, reprit ton père avec sa jovialité hardie. Le saisissement… c’est que… juste nous disions : « Si le marquis arrivait, il serait bien content et madame la marquise aussi. »

» Et, sans laisser à personne le temps de reprendre la parole :

» — Vous avez eu tant d’inquiétude ! n’est-ce pas ? Vous avez cru à un grand malheur ! Dieu merci, ce n’a été qu’un chagrin, un coup de tête. Madame dit que votre mère ne l’aime pas. Cela se peut, cela s’est vu, mais ce n’est pas une raison pour se tuer. Elle a pensé à Dieu et elle est revenue à elle-même. Elle s’est sauvée, elle est venue trouver ma femme, et voilà huit jours que nous la tourmentons pour qu’elle retourne chez elle, nous l’eussions accompagnée, ou pour qu’elle nous permette de vous écrire, elle ne le voulait pas. Dame ! elle avait la tête montée.

» — Vous deviez écrire quand même, dit le marquis, que Bielsa interrompit vivement.

» — Oui, nous l’aurions dû ; mais elle nous menaçait de se sauver de chez nous et d’aller se cacher