Aller au contenu

Page:Sand - Ma Soeur Jeanne.djvu/339

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

jour s’écoula, et je les attendis en vain. Je rentrai fort triste, me disant que M. Brudnel les avait retenues, que Jeanne avait voulu se lier avec Manuela pour réjouir le cœur de son père et qu’elle resterait quelques jours de plus auprès d’eux ; mais alors le secret de la naissance de Jeanne, dont j’étais si jaloux à cause de l’honneur de ma mère, serait donc confié, autant dire ébruité ?

Le courrier du lendemain m’apporta une lettre de ma mère que je lus avec une avidité mêlée de stupeur.

« Nous retardons notre départ jusqu’à demain, mais je ne veux pas que tu passes une journée dans l’inquiétude, et je profite d’une heure de répit pour te faire part de l’étrange événement qui vient de s’accomplir dans la vie déjà si agitée de R. B.

» Nous sommes arrivées à Montpellier en bonne santé, ta sœur très-ingénument enchantée d’assister au mariage, moi un peu soucieuse d’un si grand sacrifice à des convenances ou à des scrupules que je trouvais fondés, mais non pas aussi impérieux qu’il semblait à R. B. Je le lui avais dit, il n’était plus temps de le lui dire. Il vint nous voir un instant le soir à l’hôtel où nous étions descendues et nous dit que tout était prêt pour le lendemain. Ce serait un mariage et non une noce ; car, aussitôt après la cérémonie, les