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Page:Sand - Ma Soeur Jeanne.djvu/348

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XVIII


Je trouvais très-dur d’être éloigné de Jeanne une partie de la journée ; mais je me soumis. J’eus une délicieuse installation au chalet. Je fus forcé de reprendre mes magnifiques honoraires, et mon patron fut plus aimable, plus affectueux qu’il ne l’avait jamais été. Je me repris à l’aimer comme autrefois. Et pourtant je souffrais du changement de mes douces habitudes de famille. Nous allions chez moi tous les jours pendant quelques heures ; mais je n’étais plus jamais seul avec Jeanne et son affection pour moi était tellement partagée, que je commençai vite à trouver ma part trop petite. Je n’en fis rien paraître. Elle adorait son père, elle m’eût peut-être haï d’en être jaloux.

J’essayai de me distraire. Je m’éloignais de temps en temps sous prétexte d’excursions de naturaliste ; je n’accompagnais pas toujours M. Brudnel chez nous.