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Page:Sand - Ma Soeur Jeanne.djvu/38

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réjouit et me fit fête. Je prétendis que des crampes d’estomac, auxquelles j’étais sujet depuis un an, s’étaient tout à coup et tout à fait dissipées. Il y avait du vrai dans mon explication.

Quelques jours plus tard, je me retrouvai avec Jeanne sur le banc du jardin, attendant l’heure du souper, j’étais gai et je m’amusais avec un petit oiseau qu’elle élevait.

— Tu es redevenu aimable, à la fin, me dit-elle ; tu n’es donc plus amoureux ?

— Est-ce que tu sais ce que c’est que d’être amoureux ? lui répondis-je. Tu n’en sais rien et tu parles au hasard.

— Je sais très-bien, reprit-elle, que l’amour, c’est de penser toujours à une personne que l’on préfère à toutes les autres.

— Tes religieuses t’ont appris cela ?

— Non, mais des compagnes me l’ont dit.

— Mais tu méprises cela, toi qui ne veux pas te marier ?

— Je ne sais pas ! Voilà que j’ai quatorze ans, c’est l’âge de se décider.

— Oh ! tu as le temps encore.

— Écoute, si tu voulais me promettre de ne pas te marier, je ferais de même.