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Page:Sand - Ma Soeur Jeanne.djvu/98

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que sir Richard eût fait en France ce qu’on appelle un mariage de garnison. Son âge l’avait rendu indulgent pour cette innocence dont il n’avait vu que le charme et pour ce manque d’éducation première qui se révélait à mes yeux tour à tour éblouis et déçus. On trouvera peut-être que j’étais bien difficile pour un homme d’aussi mince condition. J’étais, en dépit des sermons de Vianne et de moi-même, un idéaliste porté par nature à regarder toujours au delà du cadre de ma vision.

Et puis, j’avais sous les yeux un point de comparaison, c’était le mari dont cette femme avait le droit de vanter la distinction. On sentait en lui l’aristocratie naturelle développée par la réflexion et la volonté. Elle aussi pourtant était née élégante, sa nature physique était de premier choix et devait repousser instinctivement tout ce qui était bas ou seulement grossier ; mais il n’y avait point une culture suffisante, ou bien l’intelligence avait manqué.

M. Brudnel, parvenu au sommet, contemplait le pays. Il faisait très-beau ; le temps était clair, et, comme c’était la première fois qu’il parcourait l’intérieur des Pyrénées, je pus lui détailler toutes les localités de l’admirable panorama déroulé autour de nous. Il n’était pas un creux, pas un relief que je n’eusse