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Page:Sand - Mademoiselle La Quintinie.djvu/349

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sans détour, la foi sans défaillance, et l’espoir sans bornes. C’est là l’état de perfection auquel tout homme de cœur peut aspirer, n’eût-il pas encore été franchement homme de bien, et, pour l’atteindre, ce cercle du vrai où aucun mal ne tente plus l’homme éclairé et convaincu, il n’est pas besoin de mortification, de cilice, de jeûnes et de luttes avec Satan. Non ! le chemin est plus simple, plus court et plus droit ; ce chemin s’appelle l’examen sans entraves et la religion sans mystères. »

Les yeux de Moreali s’étaient de nouveau fixés sur le parquet. Il ne répondit rien. Il se leva, ouvrit les fenêtres, regarda les étoiles et aspira l’air de la nuit. Il resta longtemps comme s’il priait ; puis il revint vers M. Lemontier, qui lui demanda s’il persistait à vouloir prendre connaissance du dernier écrit de madame La Quintinie.

« Vous l’avez jugé nécessaire, répondit l’abbé, et je ne crois pas pouvoir non plus m’en dispenser. Cet écrit est un vœu relatif à sa fille peut-être ! Si nous le dérobons à la connaissance du général, n’est-ce pas à nous de tâcher de l’accomplir ?

— Vous pensez donc que c’est une volonté lucide ?

— Si j’en étais certain, je remettrais la lettre à son adresse ; mais je crains un acte de folie, une confession exaltée où je serais compromis. Je ne mérite pas cette honte, et je ne dois pas laisser porter ce trouble dans une famille. »

M. Lemontier lui montra de nouveau l’enveloppe qui concernait le jour de la première communion de Lucie.

« Voici, dit-il, des prévisions réfléchies et qui ne sentent point l’égarement. Il en est temps encore, monsieur l’abbé. Croyez-vous qu’il faille absolument aller plus loin ?