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Page:Sand - Mademoiselle La Quintinie.djvu/353

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— Rien et tout. Un caprice du général, un retour qui se croiserait avec notre départ, je ne sais quelle folie du père Onorio… Je reste, et vous… partez ! ».




CONCLUSION.


Quand M. Lemontier eut conduit l’abbé à la gare, il alla rejoindre Lucie, qui le présenta à sa tante, et la bonne personne se réjouit quand on lui dit à l’oreille que l’abbé n’était plus hostile aux projets qu’elle avait favorisés dans le principe. Mademoiselle de Turdy avait été bien ballottée dans ces derniers temps ; elle avait flotté de Lucie à l’abbé, et de son frère au général, sans trouver en elle-même une solution, et disant à tout le monde :

« Ah ! voilà qui est bien contrariant en vérité ! »

C’était sa formule de soumission à tous les avis et son cri de détresse. Elle fit un aimable accueil au père d’Émile, et le présenta à tout son vieux monde, qui le regarda avec effroi d’abord, puis avec curiosité, enfin avec sympathie, quand il eut causé un peu avec chacun ; on lui trouva d’excellentes manières, le langage élégant et modeste, et un ton de la meilleure compagnie. Bien des gens n’en demandent pas davantage pour se rendre.

Le lendemain, à Turdy, M. Lemontier donna à Lucie la somme limitée des explications qu’il lui était possible de donner. Il sut très-habilement lui prouver le danger des influences mystiques, sans compromettre ni la mémoire de madame La Quintinie, ni la moralité des intentions de l’abbé ; mais il ne cacha pas à Lucie le serment que, dans un moment d’exaltation, sa mère avait arraché à Moreali, non plus que le désistement qu’elle avait fait ensuite de son fanatisme dans une heure de