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Page:Sand - Mademoiselle La Quintinie.djvu/360

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de toi qu’il a été dit : « Mieux vaudrait pour lui qu’il ne fût pas né ! »

« Si tu ne te repens, que Dieu compte tes pas dans la voie du mal, et qu’il n’en oublie aucun ; qu’il accumule sur toi la charge et l’infection des péchés que tu fais commettre et de ceux que tu aurais remis !

« Que toutes les bénédictions que tu as reçues et que tu renies se retournent contre toi ; qu’elles tombent sur toi et qu’elles t’écrasent comme un sacrement de Satan !

« Que les onctions sacrées te brûlent ; qu’elles brûlent tes mains tendues aux présents de l’impie ; qu’elles brûlent ton front, où devait rayonner la lumière de l’Évangile, et qui a conçu de scélérates pensées !

« Que ton aube souillée devienne un cilice de flammes, et que Dieu te refuse une larme pour en tempérer l’ardeur ! Que ton étole soit à ton cou comme la meule au cou de Babylone jetée dans l’étang de soufre !

« Que… »

Le père Onorio ne se fût peut-être pas arrêté avec le texte, car l’écluse de la colère était ouverte, et la haine sacrée jaillissait et coulait intarissable de sa bouche frémissante et inassouvie ; mais Lucie se leva et dit à son grand-père, assez haut pour être entendue :

« Sortons, mon père. Ceci n’est plus un sermon, c’est un blasphème ! »

Et, prenant le bras de M. de Turdy, elle se dirigea vers la porte ; mais, en passant devant le pilier que le moine n’avait cessé d’apostropher, M. Lemontier, qui suivait Lucie avec mademoiselle de Turdy, vit apparaître Moreali, pâle comme un spectre. L’abbé s’élança au-devant de Lucie en lui disant à voix basse :

« Au nom du ciel, ne faites pas ce scandale… »

Et il ajouta encore plus bas :