Aller au contenu

Page:Sand - Mademoiselle La Quintinie.djvu/64

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

s’écria que l’abbé Gémyet était le meilleur et le plus inoffensif des hommes.

« Celui-là, dit-il, je le connais, je réponds de lui, et je ne t’en permettrai jamais d’autre. Puisqu’on voulait absolument un confesseur, continua-t-il en s’adressant à moi, j’ai voulu au moins choisir, et j’ai mis la main sur un bon prêtre, tolérant, point cagot…

— Et tout à fait nul, reprit Lucie avec le même sourire que j’avais déjà remarqué.

— Nul ! je le veux bien, dit le grand-père en s’animant ; nul ! je les aime comme cela et pas autrement, les prêtres ! je ne veux point de ces fanatiques comme mademoiselle ma sœur les préférerait peut-être.

— Eh ! mon Dieu, cher papa, reprit Lucie, tu accuses ma tante ! Tu sais bien qu’elle est plus mondaine que moi et qu’elle s’accommode fort bien pour son compte de la tolérance illimitée de M. Gémyet. Voyons, ne me chicane pas trop. J’ai fait ce que tu voulais, j’ai accepté mon confesseur de ta main : je le respecte, j’ai de l’estime et de l’amitié pour lui ; mais je ne peux pas le prendre pour un aigle, lui-même n’a pas cette prétention-là, et, quand je me confesse à lui de beaucoup de tiédeur et de relâchement dans la pratique, je suis toute prête à lui dire que c’est sa faute, et c’est tout au plus s’il ne me dit pas que cela lui est parfaitement égal.

— Bien, bien, très-bien ! s’écria le grand-père en riant et en me regardant encore ; voilà ce que je veux, et c’est à ce prix-là que nous nous entendrons.

— Qu’est-ce que vous pensez de tout cela, vous ? dit Lucie en se tournant vers moi avec son gracieux abandon. Doit-on faire les choses à demi ? Je sais d’avance que vous pensez le contraire ; car, si vous n’étiez pas un esprit absolu, vous ne seriez plus vous-même.

— Je pense, répondis-je sans hésiter, que la confession